Attention ! La technologie n’est pas le progrès
Les
experts en développement avancent que les TICs sont un moyen de diminuer la
pauvreté globale, mais ils ne prêtent pas attention aux êtres humains qui les
utilisent.
Kentaro Toyama
Kentaro Toyama
Cet
article est inspiré du texte publié dans le magazine Boston Review intitulé
« La technologie peut-elle éliminer la pauvreté ? », dont
l’auteur Kentero Toyama est professeur à l’école d’information de Berkeley et
ancien informaticien à Microsoft. A travers cet article, une vision pas trop
populaire du rapport de la technologie avec le développement est présentée. Un
deuxième article suivra pour faire le parallèle entre la technologie et la
pauvreté.
Dans son article, Toyama soutient que les nouvelles
technologies suscitent de l'optimisme et de l'exubérance qui sont souvent déçus
par la réalité. Dans les années 2000, c’était l’euphorie totale autour de la
technologie ; elle est présentée comme solution au développement. Et le
mythe se poursuit encore aujourd’hui, mais, en réalité les résultats ne sont
pas au rendez-vous dans les pays en développement, et les problèmes structurelles
(les carences du réseau électrique, l’accès à l’internet, les difficultés à
offrir des services qui répondent aux besoins locaux) se sont révélés déterminant
du succès des nouvelles technologies.
En effet, les
gens confondent assez souvent la pénétration de la technologie avec le progrès,
explique Toyama. Selon lui, les gens sont plus excités à offrir des centaines
de milliers d’ordinateurs à des enfants que d’être motivés à fournir une
véritable éducation pour une centaine de milliers d’enfants. Certes, offrir un
ordinateur permettrait à des écoliers l’auto-apprentissage, mais cela implique la
mise à l’écart de la pédagogie, du corps des enseignants, des programmes ou des
systèmes scolaires qui font encore défauts. Les
gens se sentent plus motivés à parler de l’importance accrue de l’internet ou
de la technologie mais oublient les problèmes de base. Toyama pense que ce
n’est que de la techno-utopie qui consiste à croire que la diffusion à grande
échelle des technologies conçues de manières appropriées peut apporter des
solutions à la pauvreté et aux autres problèmes sociaux.
La valeur de la technologie est elle-même limité quand la capacité des utilisateurs est eux-mêmes limités. La technologie a besoin du support de gens dévoués et formés
et des infrastructures adéquates. Les projets technologiques dépendent de
l’intention et de la capacité des gens à les manipuler. Selon Toyama, « si
vous avez une base de gens compétents et bien intentionnés, alors la
technologie appropriée peut amplifier
leur capacité et déboucher sur des réalisations étonnantes. » Selon
lui, la diffusion de la technologie est facile,
mais entretenir les capacités humaines et les organisations qui ont permis ce
bon usage est le point crucial. Pour lui, dans les autres cas, la technologie ne peut
pas renverser une situation difficile, car elle n’en est pas un substitut. Malgré les grandes avancées
des TICs, dans les pays en développement, elles n’ont pas conduit directement
au progrès socio-économique, comme le montre l’exemple de la télévision,
rapporte Toyama.
La technologie n’est pas le progrès :
elle reste rattachée aux capacités de nos organisations à les manipuler. Toyama souligne
que pour les nouvelles technologies, « …leurs apports bénéfiques sont
subordonnées à une capacité d’absorption des utilisateurs qui est souvent
absente du monde en développement. La technologie a des effets positifs que
dans la mesure où les gens sont prêts et capables de l’utiliser de manière
positive. Et, la technologie ne peut pas rattraper ce déficit chez les pauvres. Certains
optent pour une éducation numérique aux populations et d’enseigner les techniques
informatiques aux enfants à leurs plus jeunes âges. Toyama, lui, opte pour une
vraie éducation de base. Il avance que si ce n’est pas le cas, la technologie
fera beaucoup plus de mal que de bien.
Nous devons
commencer à la base. Haïti a besoin d'abord d'une bonne et solide éducation de base. La technologie ne peut pas substituer à tout. L’euphorie a
trop duré. Parler de possibles
retombés bénéfiques de la technologie dans un espace économique (région, pays,
ville etc.) donné devrait d’abord commencer par le questionnement de l’état des
infrastructures de bases, de la capacité de la population, de l’état de nos institutions
de formations et de diffusion du savoir, de la capacité d’absorption de
l’espace en technologie. Bref… de poser les bonnes questions, de poser les
vrais problèmes et d'apporter les solutions appropriées. On ne peut pas mettre les charrues avant les bœufs.
Anderson Tibeaud
Economist
Blogger
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tibanderson92@gmail.com
(509)
3314-3317
Blog:
andersontibeaud.blogspot.com
@EcoandersonT
[1]http://bostonreview.net/forum/can-technology-end-poverty http://www.internetactu.net/2010/11/19/la-technologie-peut-elle-eliminer-la-pauvrete-12-la-technologie-nest-pas-le-progres/
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/11/19/la-technologie-peut-elle-eliminer-la-pauvrete_1442535_651865.html
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