L’économie haïtienne est coincée avec des travailleurs essentiellement pauvres
Les économistes du courant néolibéralisme soutiennent que le bas salaire
conduit à des créations d’emplois, une augmentation de la compétitivité des
entreprises qui permet de dégager des marges favorables à l’investissement.
Cependant, la réalité s’est révélée autrement. Il a profité plutôt aux
employeurs puisqu’au final ce sont eux qui fixent les salaires.
Comme conséquence, seulement 5% de la population accaparent 50% des
revenus, et les 95% des habitants du pays se démêlent avec l’autre 50 % [3]. Un
constat différent en Amérique latine où 5 % de la population accaparent que 27
% des revenus, dans la caraïbe seulement 23 %. Les écarts salariaux sont très
accentués en Haïti, l’inégalité des revenus en Haïti est la plus élevée
dans la région caribéenne et l’un des plus
inégalitaires au monde, avec un coefficient de Gini de 0,595 en 2016. Ceci
implique que près de 20 pour cent de ménages les plus riches détiennent près de
64 pour cent du revenu total, contre à peine 1 pour cent pour les 20 pour cent
de ménages plus pauvres [4].
Seulement 2 pour cent de la population possèdent un niveau de consommation
qui excède les 10 dollars par jour ; ce qui représente le seuil de revenu
de la région Latino-Américaine pour définir la classe moyenne ; sachant que la
consommation est une composante très importante de la croissance économique.
Les gens vivent au fil de la pauvreté monétaire et multidimensionnelle. Près de
la moitié des ménages en Haïti sont considérés financièrement pauvres [4]. Le
peu de gens qui travaille se trouve le plus souvent dans une situation
économiquement instable. Aux moindres chocs, ils n’arriveront pas à échapper de
la pauvreté.
Toutefois, les coûts de la main d’œuvre ou encore les coûts salariaux n’ont
pas cessé de décroitre (inflation en moyenne annuelle de 13,06 % sur les trois
dernières années), les salaires sont restés figer dans le temps mais le chômage
est resté à un stade très critique : ce qui est dommageable pour
l’économie ; une galère pour les chômeurs. Les transferts restent le seul
oxygène.
Théoriquement, la croissance de la rémunération de la main-d’œuvre est
étroitement reliée à celle de la productivité du travail. De manière sommaire,
lorsque les travailleurs sont plus productifs, les entreprises seront incitées
à embaucher davantage. La demande accrue fera augmenter la rémunération. Cependant,
l’économie haïtienne souffre de productivité grave. Globalement, la santé de
l’économie est moribonde sur les quatre décennies passées. [4]
En effet, le salaire est la rémunération monétaire du facteur travail.
Plusieurs facteurs économiques influencent le niveau du salaire dans
l’économie. Ceux-ci sont liés aux réalités du secteur en question
(hétérogénéité du facteur travail, productivité, rareté, éducation, progrès
technique, mondialisation des échanges, marché du travail etc.). Parmi ces situations, celles qui attirent le
plus notre attention ici sont : l’influence du marché du travail, la
délocalisation des entreprises. Et aussi s’ajoute la nature des activités
priorisées dans l’économie.
Marché du travail : La population active est estimée à 4,8 millions
selon une estimation de la banque mondiale en 2016. Cependant, on estime à
environ 70% le taux de chômage formel. La proportion de salariés dans la population
travaillant en Haïti est donc faible. La majorité de la population vit dans
l’informel. L’économie haïtienne ne semble pas trop tirée du salaire.
Toutefois, les salaires augmentent lorsque l’emploi progresse, les employés
peuvent mieux négocier leur rémunération lorsque les opportunités sont plus
nombreuses. Un taux de chômage élevé influence négativement la rémunération des
salariés. Les récents faits peuvent en témoigner. La pression du chômage sur
les revendications salariales tend à maintenir les salaires bas.
Délocalisation des entreprises : L’influence de la mondialisation des
échanges entraîne une forte demande pour le travail non qualifié. La
délocalisation de certaines activités vers les pays pauvres comme Haïti qui
leur permettent de produire à moindre coût freine la progression des salaires
les plus faibles dans leurs économies face aux taux élevés de chômeurs. Les
pays pauvres sont les principales victimes puisque leurs organisations sociales
(syndicats, associations etc.) sont très faibles.
La nature des activités priorisées est à relater. Certaines activités sont
fortement utilisateurs d’emplois peu qualifiés et faiblement rémunérés comme la
construction, les médias, le commerce et hôtellerie-restauration ou encore le
secteur de la sous-traitance. La main-d'œuvre bon marché est très
concurrentielle. Certaines activités nécessitent une main d’œuvre
incompressible donc il n’est pas possible de réaliser des économies d’échelle à
ce niveau.
Le secteur tertiaire occupe près de 60 % du PIB et embrasse près de 70 % de
l’emploi dans l’économie. La tertiarisation de l’économie haïtienne se fait
principalement en commerce du détail principalement en produit importé (service
à la collectivité) nécessitant une main d’œuvre très peu qualifiée.
Le secteur tertiaire étant un secteur à faible croissance et à faible
productivité (ce sont des investissements non productifs), il nécessite une
main d’œuvre incompressible donc il n’est pas possible de réaliser des
économies d’échelle à ce niveau. De plus, la propension marginale à importer de
l’économie en général est très élevé. Toutefois, si le salaire augmente, cela
augmente la vente des produits venus de l’extérieur.
En effet, les catégories frappées par cette situation constituent un
ensemble hétérogène du point de vue des situations d’emplois et des secteurs
d’activités : formés, expérimentés ou non le bas salaire est la norme. Les
activités dans l’économie semblent plutôt profitées à la création des emplois à
faible revenu.
Les emplois de mauvaise qualité s’accompagnent toujours d’une certaine
réticence à mieux payé et la multiplication des emplois de mauvaise qualité fragilise
l’activité économique. Les maigres salaires sont des freins à la croissance
économique. Il faut créer des emplois oui ! mais création d’emplois ne
rime pas nécessairement avec la croissance.
Le maintien d’un nombre élevé de très bas salaires malgré la baisse du
pouvoir d’achat témoigne de la dimension structurelle du problème. Le fait que
les bas salaires n’aient guère profité à l’investissement productif et de la
montée de l‘emploi paraît donc très dommageable pour la croissance. L’immobilité du pouvoir d’achat empêche l’économie de sortir de ce décor
macabre et de l’inégal partage de la richesse créée au profit des détenteurs de
capital et au détriment des salariés et de l’investissement.
L’Etat devrait garantir aux « bas salariés » un revenu différent
de celui qui résulte du marché à travers des services sociaux. Par ailleurs, l’existence de bas salaire
diminue les recettes fiscales de l’État (impôts sur le revenu) provoquant un
endettement public et un déficit des services publics et sociaux :
difficulté d’assurer les services sociaux de base. Et la persistance des bas
salaires peut rendre les finances publiques très instable : ce qui
pourrait déboucher sur un déficit structurel.
Pour faire circuler la richesse vers les travailleurs soit on augmente les
salaires soit on améliore les services publics pour soutenir les gens à bas
revenus. Les salaires peine à augmenter dans l’économie et de plus il y a un déficit chronique des services publics. Les bas salaires n’ont pas permis une augmentation de l’emploi assez dans l’économie. Les salariés semblent être pris dans une sorte de « piège à bas salaires ».
Pour remédier à la situation, il faut augmenter les salaires ou redistribuer la richesse. Augmenter les salaires ne seraient pas sans conséquences sur l’activités des entreprises. Il faudrait créer plus de richesse pour améliorer les conditions de vies des travailleurs, c’est une condition nécessaire, mais non suffisante pour renverser les emplois de mauvaise qualité qui s’accompagne toujours de maigres salaires [5].
Pour remédier à la situation, il faut augmenter les salaires ou redistribuer la richesse. Augmenter les salaires ne seraient pas sans conséquences sur l’activités des entreprises. Il faudrait créer plus de richesse pour améliorer les conditions de vies des travailleurs, c’est une condition nécessaire, mais non suffisante pour renverser les emplois de mauvaise qualité qui s’accompagne toujours de maigres salaires [5].
Les économistes le savent et le FMI l’a confirmé, le partage inégal de la
richesse produite est un frein à la croissance. Il n’y a pas que les salaries à
demander une augmentation salariale ; les économistes, les chefs
d’entreprises, les élus … doivent réclamer de meilleurs salaires dans
l’économie. C’est une question de justice. C’est pour le bien de l’économie.
Anderson Tibeaud
Economiste
tibanderson92@gmail.com
3314-3317
Economiste
tibanderson92@gmail.com
3314-3317
Références
[3] Haïti une économie d’inegaliteshttp://www.lenational.org/haiti-economie-dinegalites-2/
[4] desjardins.economie@desjardins.com : Jimmy Jean ; les causes et conséquences d’un faible croissance des
salaires au Canada,
[5] IHSI et BRH
[5] IHSI et BRH
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