L’entrepreneuriat et l’innovation font-t-ils bon ménage en Haïti ?




Les transferts en Recherche et Développement font partie des conditions cadres pour le développement de l’entrepreneuriat. L’innovation, facteur de la croissance économique selon la théorie endogène, découle essentiellement de la recherche. L’innovation est l’utilisation ou l’intégration des nouvelles connaissances acquises venant de la recherche dans notre savoir-faire. C’est donc à travers l’innovation que la recherche trouve toute son utilité dans l’activité économique.

Seulement l’activité entrepreneuriale basée sur l'innovation (brevet) est positivement corrélée avec la croissance économique selon une étude de l’OCDE sur 22 pays sur la période 1980-1995. "En effet, les entrepreneurs ne sont pas tous des sources d’accroissement de la prospérité". Et, la création d’emplois ne rime pas nécessairement avec la croissance économique [1][3].
L’innovation et l’entrepreneuriat sont considérés comme des moteurs fondamentaux de l’économie. Les principaux penseurs de la théorie de l’entrepreneuriat le voient comme la capacité à introduire des innovations. Pour les startups, confrontées à un environnement hostile ou concurrentiel dominé par les grandes entreprises, l’innovation est souvent une condition de survie. Elle peut constituer un aspect essentiel des stratégies concurrentielles pour conquérir des parts de marchés. Elle augmente la productivité et apporte de la valeur ajoutée [1].
Pour qu’un changement dans les produits ou fonctions d’une entreprise soit considéré comme une innovation, celui-ci doit être nouveau pour l’entreprise ou entrainer une nette amélioration. Un produit ou une méthode peut être une innovation pour une entreprise et non pour un autre. 
L’innovation peut découler des centres de recherche, de l’université, de l’interactions avec d’autres entreprises étrangères ou de la présence de personnel qualifiée sensibles aux nouvelles technologiques ainsi qu’une structure organisationnelle de l’entreprises propice à l’intégration de la connaissance. 
Cependant, Haïti est classé 136 en innovation sur 153 pays d’après le classement « Best Countries for Business » en 2017. La recherche est presque inexistante, les centres universitaires sont en crises chroniques et la non valorisation du capital humain est un fait en Haiti. Le mode de rapport qu'entretient la société haitienne avec la connaissance est flou. Les centres de formations (école, université etc.) sont en crise récurrentes en Haïti mais les séminaires de formations en entrepreneuriat s’enchainent comme jamais. La formation des gens en entrepreneuriat peut-il développer des entrepreneurs innovants ?
Haïti, le pire endroit pour faire des affaires dans la région, classé 151 sur 153 pays en 2017. Haïti regorge d’entrepreneurs. Les gens créent des activités en raison de l’absence d’alternatives d’emplois. Leurs activités sont dénués d’innovation. Sans innovation, ils n’arriveront pas à subsister à la concurrence des grandes entreprises établies. Les nouvelles entreprises ne seront pas de taille à résister à l’environnement économique haïtienne si hostile. Les entreprises disparaitront avant même d’arriver à maturité. Les emplois seront fragiles et très peu rémunérés. Et, on passera très loin des résultats escomptés sur la croissance et l’emploi.
Toutefois, pour un entrepreneuriat innovant, il faut valoriser et soutenir des idées innovantes. Protéger les idées nouvelles à travers des brevets et, aussi assurer le respect de la propriété intellectuelle. Il faut mettre sur pied des politiques pour encourager les pôles d’activité propices à la croissance, plutôt que des milliers de startups non productive éparpillé çà et là de façon aléatoire. Sinon, les succès seront rares, momentanés et isolés. L’impact sur la croissance et l’emploi serait parfois négatif. Aussi, il faut arriver à cerner le terme « entrepreneur » puisqu’il ne suffit pas d’avoir une entreprise à gérer, pour s’autoproclamer entrepreneur [1][2].
Le capital humain est une obligation pour développer la base de compétences et d’innovation dans l’économie haïtienne. Pour l’apparition de nouveaux entrepreneurs, il faut favoriser l’existence d’un flux de connaissances pour que des opportunités de profits soient exploitées par les entrepreneurs. Le développement de l’entrepreneuriat ne peut se faire sans l’assise du développement du capital humain et des compétences. En ce sens, les centres de formation et de diffusion du savoir sont donc fondamentaux [1][2][3].
L’entrepreneuriat en Haïti ne peut se faire sans assise du savoir et de l’information.






Anderson Tibeaud,
tibanderson92@gmail.com

Economiste

3314-3317










Références


[1] Groupe de la Banque Africaine de Développement (2011) : Rapport sur le développement de l’Afrique [2] - Bouabdallah et Zouach, 2005 : Entrepreneuriat et développement économique, Cahiers du CREAD numéro 73, pages 9­29[3] International Journal of Innovation and Applied Studies ISSN 2028-9324 Vol. 6 No. 3 July 2014, pp. 677-690 © 2014 Innovative Space of Scientific Research Journals http://www.ijias.issr-journals.org/

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