En Haïti, à défaut de créer de la richesse, on prend aux autres





Comment ne pas se sentir concerné par les multiples cas de scandales de corruption à répétition qui gangrènent la société haïtienne. Des sommes considérables volatilisées dans l'économie sans qu’on puisse évaluer concrètement leurs réalisations. Les cas sont légions mais, ici, on préfère ne pas les citer puisque les actes de corruption sont des pratiques courantes en Haïti. Ce qui intrigue le plus aujourd’hui, c’est cette spécialité qu’en ont développée certains à gaspiller ou détourner les ressources communes avec rapidité et sans ambages. Les gens concourent tous à cela d'ailleurs et, ce n’est un secret pour personne. C'est devenu une discipline sportive.

En Haïti, à défaut de créer de la richesse, on prend aux autres. A tour de rôle, on se succède tous à cela. Et ce n'est pas seulement du vol ou de la corruption.  Il faut se rappeler qu'il y a deux façons de s’enrichir soit on crée de la richesse soit on prend aux autres. L’une est une addition l’autre est une soustraction. Ici, c’est la soustraction de richesse d’une classe à une autre, d’un groupe à un autre, des zones rurales aux villes, des provinces à la capitale. C'est la culture de la rente qui prône et, la nature des activités priorisées dans l'économie en dit beaucoup. Les gens ne sont pas à la recherche de la richesse mais du pouvoir et de la gloire. Puisque la création de richesse ne les empêche pas de s’enrichir, ils s'en foutent du reste. L’inefficacité des politiques publiques, les problèmes de corruption ou le manque de production de l'économie intéresse très peu de gens.

Ainsi, écrire sur l'économie haïtienne comme dirait le rappeur français Youssoupha, c'est un éternel recommencement. Bref, les plaintes sont les mêmes ; on dénonce les mêmes réalités qu'hier. Texte après texte ; gouvernement après gouvernement ; budget après budget. Rien n’est original. Il faut se dire carrément qu’il y a un problème. On s'efforce d'analyser des faits comme les allocations budgétaires, la croissance et autres, d'apporter des analyses et proposer des pistes de solutions aux problèmes communs qui nous entourent mais nous avons l’impression que la création de richesse n’intéresse personne en Haïti. Il faut le dire. Les gens semblent vouloir créer des activités seulement pour faire de l’argent, juste pour assurer leur suprématie sur les autres. Il n'y a aucun projet de faire progresser une société. On fait tout pour créer des artifices pour tirer de l'argent des activités des autres sans rien donner en retour. L’Etat le fait et les gens de rue le fassent. Les décisions sont prises sans s'assurer que tout le monde puisse en bénéficier sans s'assurer que le PIB puisse augmenter.

Sans souci de créer de la richesse, on a un État qui ne s'intéresse qu'à collecter les taxes et impôts nécessaires pour supporter son administration et ses partisans. On met en place un mécanisme pour drainer la richesse vers certains groupes différent suivants les gouvernements. A chaque groupe ses activités définies. Certains réclament des ministères, des directions déconcentrées, des subventions, d'autres des privilèges fiscaux comme les exonérations fiscales ou des franchises douanières. Des privilèges octroyés, des manques à gagner pour l'Etat sans presque rien en retour pour l'économie en terme d'emploi ou de richesse créée. Et, l’économie est mourante, le bien-être de la population en pâtit.

Le niveau de vie d'un pays ou d'une population depend de ses capacités à produire des biens et services. L'amélioration des conditions de vies de la population passe nécessairement par la création de richesse. Donc, elle doit être inévitablement au centre des préoccupations. Mais, depuis quatre décennies l'économie s'est enlisée dans un spiral de croissance faible et erratique. La production est mise de côté. Les inégalités de revenus sont de plus en plus criantes. On fait tout pour garder à distance l'autre. Aucune volonté exprimée voulant croitre les activités économiques, de créer plus de richesse et d’améliorer la vie des ménages.

Une chose est sure. Il y a un effort à faire et, il faut le faire. La pression sociale pour une meilleure répartition des fruits de la maigre richesse créée est trop élevée. Les gains s’amenuisent, il faut carrément créér plus de richesse. On a vraiment une toute autre culture axée sur la création de richesse à promouvoir. L'Etat, les entrepreneurs et les citoyens doivent nécessairement changer leur façon de penser, leur façon de voir la richesse et leur rapport avec les entreprises. Les politiciens auront beau faire des promesses mais, sans la création de richesse, la population ne verra pas son niveau de vie amélioré.



Anderson TIBEAUD
Économiste 
tibanderson92@gmail.com
 (509) 3314-3317
Blog: andersontibeaud.blogspot.com 
@EconandersonT

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